Puisque les pleurants du Musée des Beaux-Arts de Dijon sont partis vaquer à leurs occupations, certains en voyage aux Etats-Unis, d'autres en restauration, allons faire un tour du côté de leurs grands et impressionnants cousins, à savoir ceux du tombeau de Philippe Pot.
Philippe Pot (1428 - 1493), Grand Sénéchal de Bourgogne et Chevalier de la Toison d'Or, connut et servit deux Ducs de Bourgogne, Philippe le Bon et Charles le Téméraire, ainsi que deux rois, Louis XI (ennemi juré de Charles le Téméraire) et Charles VIII. Il fut un personnage important, tant dans le Duché de Bourgogne que dans l'entourage royal.
Son tombeau, commandé, comme il se doit, de son vivant, a donc été exécuté à la fin du XVème siècle. Dans la représentation du défunt lui-même, rien de très original : il s'agit d'un gisant, les mains jointes en prière, les pieds reposant sur un animal (sans doute un lion, comme c'était souvent le cas). Mais c'est du côté des pleurants que vient l'innovation. Loin d'atteindre la finesse d'exécution de ceux des tombeaux de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur, ce sont tout de même eux qui donnent toute son originalité et sa majesté au monument funéraire. En effet, il n'était pas commun de les représenter grandeur nature, ce qui est quasiment le cas ici. Devenus les porteurs de la dalle, vêtus de noir, ils ploient sous le poids de leur fardeau, créant ainsi l'illusion du lent mouvement de la procession funèbre, tout en rendant palpable le sentiment de tristesse inévitablement lié à l'évènement. Dans un même temps, c'est l'occasion de célébrer l'importance du personnage, puisque chacun des pleurants présente un écu portant l'un des huit quartiers de noblesse du défunt.
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